C’est au moment de l’adolescence que les adultes pensent que ça se complique.
Effectivement, tout ce qui n’a pas voulu/pu être vu et expliqué, voire tout ce qui a voulu être caché se livre au grand jour. La faute aux HORMONES.
Quel que soit le handicap de l’enfant, du préado ou de l’adolescent, les hormones de désir apparaissent, modifient le corps de la fille et du garçon avec la venue des règles, de la poitrine, des érections plus fréquentes et visibles, des éjaculations, et pour les deux sexes : le désir, le plaisir, l’envie de sortir « avec..», l’envie de se « toucher », de se masturber ou pas. Mais quand ? Où ? Comment ? A quelle fréquence ? Autant de réflexions qui basculent vers un questionnement de normalité/anormalité. Tout cela est ce bien normal ? Pathologique ? Compulsif ? Inapproprié ? Que sais-je encore ?
Les changements corporels et les modifications d’ordre psychologique sont vécus par tous les enfants du monde. La puberté : période plus ou moins difficile selon les personnes.
Pour les personnes déficientes mentales ou ayant un handicap moteur, le processus biologique de la puberté est totalement identique aux autres enfants, mais il va falloir faire avec une image corporelle mise à mal. Pour certains, leur corps a été l’objet de manipulation de soins médicaux ou quotidien, soumis au regard collectif de parents ou de l’institution, parfois depuis sa naissance. Il faut aussi compter sur d’éventuels vécus traumatiques ou de négligence qui vont s’ancrer dans l’image corporelle de l’adulte en devenir. Aussi, cette période pubère doit être l’occasion de montrer que le corps n’est pas figé et saisir cette occasion d’offrir un regard nouveau sur son corps. Pour d’autres, l’absence de motricité empêche la découverte tactile du corps…mais jusqu’à dire qu’il faut renoncer à elle c’est aller un peu vite en besogne.
Alors comment faire ? Que dire ? Comment leur apprendre ?
Des supports appropriés existants ou sortant de la tête des parents/accompagnants inspirés sont utiles pour lui parler de son corps et de ses changements, de sa vie affective, de ses relations aux autres.
En d’autres termes clefs : son plaisir, son déplaisir, le plaisir au féminin/masculin, ce qu’est faire l’amour, le corps à corps, les potentiels partenaires, l’orientation sexuelle, l’identité sexuelle…
Et pour chaque handicap un discours adapté à la situation, à la compréhension.
Situations courantes à éviter : ne pas imaginer une masturbation uniquement avec les mains par exemple, ne pas se représenter l’homosexualité comme uniquement une orientation sexuelle par défaut, envisager les comportements sexuels comme pervers sans les envisager comme une pratique de découverte…
Norah LOUNAS
Sexologue clinicienne