Faut-il parler de sexualité à son enfant et quand ?
Avant d’aborder cette question, qui déclenchera très certainement bien d’autres questions, il est nécessaire et indispensable de se poser cette question primordiale : la connaissance de la sexualité doit-elle faire partie intégrante du développement de l’enfant, puis plus tard de l’adolescent, de l’adulte et de la personne vieillissante ?
Si vous répondez par l’affirmative à cette interrogation, il ne faut dès lors pas tarder à en parler à son enfant. Il est bienvenu, voire préférable, de parler de sexualité à son enfant dès le plus jeune âge, avant qu’il ne parle, avant qu’il ne pose des questions, avant qu’il n’y soit confronté.
Cette approche montre que la responsabilité d’informer l’enfant revient à tous ceux et celles qui l’accompagnent dans sa vie. Tous les enfants sont concernés par cette éducation sexuelle, enfants ordinaires ou extraordinaires. Et c’est dès le plus jeune âge, entre 0 et 3 ans, que l’adulte doit revoir ses représentations sexuelles. À partir de sa naissance (et bien avant sans doute), il faut lui permettre d’avoir une image corporelle saine de lui-même, de son anatomie (qui sera nommée par des mots concrets pour enseigner/renseigner les termes justes et surtout pour habituer l’adulte à les utiliser sans gêne) et d’être dans une sécurité personnelle.
Les objectifs principaux sont de lui permettre de faire confiance aux personnes qui prennent soin de lui, de faire l’expérience du plaisir sensoriel (être touché, caressé, au cours d’étreintes et caresses non sexuelles, bien sûr), et d’entamer ses premières interactions sociales/de jeu avec les autres enfants.
À cet âge, il peut aussi faire ses propres expériences, il explore son corps, notamment ses organes génitaux, il aime être nu. Les adultes peuvent d’ailleurs observer qu’il a des réponses sexuelles réflexes et spontanées (érection, lubrification) et qu’il se réjouit au toucher des personnes qui prennent soin de lui.
Entre 3 et 6 ans, l’enfant est capable de s’identifier comme étant de sexe masculin ou de sexe féminin, il commence à comprendre les éléments de base de la reproduction humaine, prend conscience de la notion de la vie privée par rapport à la nudité et la sexualité. Cela le conduit au stade de la curiosité, occasionnelle à persistante, envers les organes génitaux de ses camarades et des adultes du même sexe et du sexe opposé.
Il connaît une masturbation occasionnelle qui peut lui apporter réconfort ou détente (ce n’est pas une excitation/plaisir sexuel), il peut être dans une exploration consentante du corps d’amis d’âge semblable, dans un contexte de jeu et de curiosité (jouer au docteur). En plus d’aimer être nu, il peut utiliser des termes d’argot pour les fonctions corporelles.
Jusqu’à 9 ans, le pré-adolescent est dans une constance sexuelle. Certains témoigneront des premiers signes de puberté (menstruation, éjaculation). Alors qu’il est perçu comme tout petit encore, il peut commencer à avoir des jeux de nature sexuelle, motivés par la curiosité, avec ses amis du même sexe et/ou de sexe opposé, connaître une masturbation occasionnelle pour un objectif de plaisir, et les mots d’argot employés deviennent plus crus. Il comprend les distinctions d’orientation sexuelle et de genre.
Pour l’enfant extraordinaire, il existe une multitude de supports adaptés qui lui permettront d’avoir des connaissances de base à l’égard de son anatomie, de la reproduction humaine et de la sexualité, et de sa protection.
Tout au long de la petite et moyenne enfance, il y a une nécessité à être attentif aux indices que l’enfant ait pu être victime de violence. Depuis tout petit, il nous faut amener l’enfant à renforcer et enrichir la connaissance de ses droits comme : « ton corps t’appartient », et nous permettre d’entendre/comprendre ce que l’enfant peut avoir à nous dire. Ainsi, l’enfant grandissant donnera sa place à la sexualité qui sera ni plus ni moins importante que ses autres besoins.
Norah LOUNAS
Sexologue Clinicienne